Les récifs coralliens

Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes de la biosphère, ceux qui construisent les édifices biologiques les plus importants et les plus durables. Les 2 000 kilomètres de la Grande Barrière de corail édifiée sur la côte nord-est de l'Australie depuis deux à trois millions d'années en sont le plus bel exemple. L'écosystème corallien est aussi l'écosystème marin qui présente la biodiversité la plus élevée, il abrite quelque 93 000 espèces connues. On considère que cela représente 5 % du nombre total d'espèces répertoriées, alors que les récifs ne couvrent que 0,1 % de la surface de la planète. Mais étant donné le grand nombre d'organismes restant à étudier, cette évaluation est loin de refléter la réalité, et on estime que la diversité récif ale pourrait atteindre 950 000 espèces.

coraux

Ils sont apparus, tels que nous les connaissons aujourd'hui, il ya plus de 200 millions d'années.

Les coraux constructeurs de récifs sont des invertébrés apparentés aux anémones de mer et aux méduses, mais qui s'en distinguent par plusieurs propriétés, la plus importante étant leur faculté de construire un squelette calcaire externe constitué de carbonate de calcium. Ils sont obligatoirement associés à des algues unicellulaires, des dinoflagellés. Ces algues symbiotiques, qui vivent à l'intérieur même des cellules de l'animal, jouent un rôle considérable dans les processus métaboliques de leur hôte tels que la nutrition et l'excrétion. Leur action permet une calcification très rapide des coraux. En présence de lumière, elle est jusqu'à 19 fois plus élevée que celle des coraux non symbiotiques.schéma récif corallien

Le mode de vie colonial est une autre caractéristique essentielle de la plupart des coraux constructeurs de récifs. L'animal est en fait une colonie constituée de polypes individuels reliés par du tissu vivant. Cette structure modulaire permet une très importante plasticité du squelette et une adaptation de la forme de croissance aux conditions environnementales telles que la lumière et l'agitation hydrodynamique. La production de sédiments et la cimentation par les algues calcaires, partenaires des coraux, permettent l'édification de structures carbonatées massives et résistantes à la houle dans des environnements très divers, allant des récifs des bords de la mer Rouge aux atolls océaniques de Polynésie française. Cette capacité n'est cependant pas sans limites. Dans la mesure où la production de carbonate de calcium est étroitement dépendante de la photosynthèse des algues symbiotiques ou calcaires, la lumière est l'un des facteurs déterminants. Les communautés récifales sont donc présentes dans des eaux peu profondes (moins de 100 mètres en général, relativement claires et se développent de manière optimale entre 21 °C et 29,5 °C.corauxcoraux

Les menaces qui pèsent sur l'avenir des coraux

D'après le World Resources Institute, près de 58 % des récifs du Globe sont directement dégradés par les activités humaines, ce pourcentage atteignant 80 % dans le Sud-Est de l'Asie .

Les dommages occasionnels entraînés par les cyclones et la prédation semblent favoriser le renouvellement et la diversité des communautés. Ces facultés d'adaptation à des stress importants mais occasionnels sont cependant totalement inadaptées pour répondre à des stress chroniques. Une élévation brutale de quelques degrés peut entraîner une rupture de la symbiose entre les algues et les cellules animales qui constituent les coraux: les algues symbiotiques sont alors expulsées des cellules animales, et celles qui subsistent peuvent perdre une partie de leurs pigments chlorophylliens. Les tissus deviennent translucides et laissent apparaître le squelette calcaire des coraux: c'est le blanchissement.

D'autres facteurs environnementaux, comme un accroissement du rayonnement ultraviolet, peuvent également provoquer un blanchissement, mais on considère aujourd'hui que l'élévation de température est le facteur majeur. En général, les coraux peuvent se régénérer et retrouver leurs couleurs, mais si le stress est trop important, et surtout s'il persiste, il provoque alors la mort massive des colonies . On estime que le corail meurt si les algues n'ont pas réintégré les cellules quelques semaines après l'épisode de blanchissement. Une fois de plus, toute la question est dans la durée de la perturbation.

À cette liste des perturbations auxquelles les récifs coralliens sont soumis il faut à présent ajouter l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère. En l'espace de cent cinquante ans, la pression partielle du dioxyde de carbone [pCO2] dans l'atmosphère est passée de 280à 370 parties par million (ppmv), soit une hausse de 35%. Elle va inéluctablement continuer de grimper: les scénarios les plus optimistes prévoient une valeur de près de 520 ppmv d'ici l'an 2070. Or la pCO2 influence directement le développement des coraux. Lorsque le CO2 se dissout dans l'eau, le pH et la concentration en carbonates chutent. Les carbonates étant un des ions constitutifs du CaCO3, leur diminution inhibe la calcification des coraux.