LES CHAMPIGNONS TOXIQUES

Chaque année la consommation de champignons est responsable de plusieurs milliers d'intoxications dont certaines sont mortelles.
Ce document vous présentera les espèces dangereuses, les confusions possibles et les différents symptômes d'empoisonnement.
On distingue 9 syndromes liés à l'ingestion de champignons contenant des substances toxiques, que l'on peut diviser en deux groupes : ceux montrant des syndromes tardifs
avec un temps d'incubation supérieure à 6 heures et ceux montrant des syndromes précoces avec un temps d'incubation inférieur à 6 heures.

Syndromes Tardifs
 
1: Syndrome Phalloïdien
2: Syndrome Orellanien
3: Syndrome Gyromitrien
 
Syndromes Précoces
 
Affectant les système nerveux
4: Syndrome Muscarinien ou Sudorien
5: Syndrome Panthérinien
6: Syndrome Psilocybien
 
Affectant divers systèmes
7: Syndrome Coprinien
8: Syndrome Paxillien
9: Syndrome Résinoïdien
10: Syndrome de Rhabdomyolyse
11: Syndrome Erythermalgique
 
Autres Cas
 

En cas d'intoxication que faire ?

  1 : SYNDROME PHALLOIDIEN      

Champignons responsables


Lépiotes mortelles 
: Lépiote brun incarnat (Lepiota brunneoincarnata Chodat & Martin) ;Lépiote brune ( Lepiota helveola Bresadola), L. subincarnata, L.josserandii, L.brunneolilacina, L.helveoloides, L.pseudohelveola, L.cristata

Amanite phalloïde (Amanita phalloides (Fr.) Link.) ; Amanite vireuse (Amanita virosa Lamarck)
Galère marginée (Galerina marginata Kühn)
® dose mortelle : 70 champignons (150 g) (confusion possible avec la Pholiote changeante)

Description de l'Amanite Phalloïde
Chapeau: hémisphérique (5 à 15 cm), puis plat, teinté de jaune-vert, vert olive, strié de fibrilles rayonnantes brunes (la pruine). Il existe aussi des formes blanches.
Lamelles: blanches, libres, très serrées, inégales.
Pied: blanc tigré de petits flocons, dans la partie supérieure: anneau membraneux, strié, blanc et persistant ; à la base: volve blanche en forme de sac ample.
Chair: blanche, faible odeur de rose fanée.

Confusions possibles

Amanite citrine, Russule charbonnière, Russule vert-de-gris, Tricholome équestre, Agaric comestible

Habitat: Europe: bois de feuillus (chênes) ou à aiguilles; juillet-octobre, terrains variés (calcaires, siliceux).
Répartition mondiale: États Unis, Mexique, Chili, Malaisie, Inde, Afrique du sud, Australie.
 
Délai d'apparition: 10 à 12 heures en moyenne. En France, plusieurs dizaines d'intoxiqués / an (plus de 90 % des intoxications mortelles). Dose létale : un chapeau (30-50 g)
Signes et symptômes
Troubles digestifs: diarrhées abondantes et vomissements incessants( 1-2 j) è état de déshydratation sévère atteint en 2 à 6 h, déficit en ions, chute de tension, crampes abdominales.
Atteinte hépatique: destruction des cellules du foie, (rétention de bile, encéphalopathie).
Insuffisance rénale organique. Déficit en facteurs de coagulation (facteur V) è hémorragie digestive.
Dans les formes graves, après un coma, la mort peut survenir après 6 à 8 jours dans 10 à 30 % des cas d'intoxications par ce type de champignon.
Toxines et mécanismes d'action
Les principales toxines: les amanitines
a et b (octapeptides cycliques) bloquent la synthèse des protéines dans les cellules. L'a-amanitine détruit, en particulier, les cellules du foie.
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Lavage gastrique, perfusions intraveineuses de sérum glucosé, pénicilline G, silymarine (extrait de Chardon-Marie, plante méditerranéenne), vitamine C, Ercefuryl, transplantation du foie.
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            2:  SYNDROME ORELLANIEN       

Champignons responsables : Cortinaire couleur de rocou (Cortinarius orellanus Fries)
 
Autres: Cortinaire très élégant ( C. speciosissimus = rebellus Kühner et Romagnesi.).
 
Description
Chapeau:convexe (3-8 cm), fauve orangé flamboyant, pelucheux, légèrement mamelonné ; cortine blanc crème.
Lamelles: larges, épaisses, jaune souci (reflets rouge feu) ; espacées, inégales.
Pied: cylindrique, plein, lisse ou orné de fibrilles jaunes puis fauve doré,reste de cortine (« toile d’araignée »)
Chair: jaune-roux, fauve ; dégage une odeur de rave.
 
Confusions possibles :
Chanterelle, Tricholome équestre
 
Habitat: plaine, feuillus (bouleaux, chênes, châtaigniers), ou montagne (hêtres, conifères), sur sols acides, été-automne.
 
Délai d'apparition: 2 à 20 jours.
 
Signes et symptômes
Phase pré-rénale: troubles digestifs: vomissements, nausées, diarrhées (inconstants), sensations de soif intense, de brûlures des lèvres ; douleurs lombaires, fatigue, maux de tête, frissons, sueurs nocturnes (sans fièvre).
Phase rénale: insuffisance rénale aiguë progressive (69% des cas).
Urines: présence de leucocytes, hématies, albumine. Plasma: élévation de l'urée, créatinine, sodium. Néphrite tubulo-interstitielle. Phase de guérison: lente.
Insuffisance rénale chronique (30 à 50 % des cas après 8 jours) è Dialyses, transplantation pour restaurer la fonction rénale. Il est prudent de rejeter tout cortinaire présentant des traces rouge orangée.
 
Toxines et mécanismes d'action
Orellanine, toxique pour les cellules rénales par formation de radicaux libres (?).
Le rein est le principal organe cible.
Dose létale : 2 ou 3  champignons (100 g)
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Prise en charge: charbon actif, recensement et examen de la fonction rénale des convives, hémodialyse, transplantation rénale, recherche d'orellanine.
Ne pas administrer un diurétique comme la furosémide.
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3 : SYNDROME GYROMITRIEN
Champignons responsables
Gyromitre « comestible » (Gyromitra esculenta Fr.),Gyromitre géante ( G.gigas Cooke)., Gyromitre en turban (G. infula Quel.), (G.fastigiata Kromb), des Helvelles (Helvella crispa, H.lacunosa).
 
Description :
Chapeau: large (5-10 cm), creusé de plis rappelant le cerveau, brun-marron
Pied: court, épais, moins tourmenté et plus clair que le chapeau, blanchâtre ou rosé.
Chair: ferme, mince, fragile, blanchâtre ; saveur douce, léger parfum fruité.
 
Confusions possibles :
Morilles
 
Habitat: Pays Scandinaves, en Europe centrale.
France : surtout sous les pins dans les landes à bruyères en terrains siliceux (fin de l'hiver : mars à mai) .
 
Le gyromitre ou fausse morille (Gyromitra esculenta) est un champignon abondant en Europe de l'Est, mais qui n'est pas rare dans l'Est, le centre et le midi de la France.
 
Délai d'apparition: 6 à 24 heures.
 
Signes et symptômes
Gastro-entérite: nausées, vomissements, crampes, douleurs abdominales.
Troubles neurologiques: vertiges, incoordination motrice, troubles de la conscience, convulsions, coma, agitation, fièvre, fatigue.
Troubles digestifs : vomissements puis une hépatite toxique cytolytique et une insuffisance rénale organique.
Les intoxications par Gyromitra esculenta sont rares en France mais fréquentes en Europe de l'Est. Les formes mortelles sont rares (2-4 %) et habituellement due à une atteinte massive du foie.
 
Toxines et mécanismes d’action
Les helvelles, le gyromitre, contiennent une toxine thermolabile et volatile : la gyromitrine qui donne, par hydrolyse, la méthyl-hydrazine, responsable d'un syndrome hépatorénal sévère. Elle induit un déficit de synthèse en acide gamma-aminobutyrique (GABA).
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Perfusion intraveineuse de vitamine B 6, tranquillisant, anticonvulsivant (diazépam).
 
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            4 :  SYNDROME MUSCARINIEN ou SUDORIEN
 
Champignons responsables
           
Inocybe de Patouillard (Inocybe patouillardii  Bresadola), I. fastigiata, I.geophylla (en tout 40 espèces d’Inocybes) et une quinzaine de  Clitocybes blancs (Clitocybe dealbata, C.rivulosa, C.candicans, C.cerussata, C.phyllophylla)
Description de l'Inocybe de Patouillard
Chapeau: de 7 cm, convexe à conique, campanulé, nettement mamelonné, bords fendus.
Lamelles: blanches, deviennent brun olivâtre ; arête blanche.
Pied :  cylindrique, zoné de brun rouge, la chair rosit dans le pied.
Chair devient rouge à l'écrasement, odeur écoeurante « spermatique »
 
Confusions possibles :
Grisets ou Tricholome terreux (Tricholoma terreum), Mousserons de la Saint-Georges (Tricholoma georgii)
 
Habitat:: chemins, parcs (tilleuls), bois aérés de feuillus, sol calcaire ; mai-juillet.
 
Délai d’apparition: 15 minutes à 2 heures. (régression des symptômes en 2 heures)
 
Signes et symptômes
 
Syndrome cholinergique: exagération des sécrétions: sueurs, larmoiement, salivation, rhinorrhée. Pupille rétrécie, vomissements, ralentissement du cœur, contraction des muscles lisses (bronches et tube digestif).
Il ne faut consommer aucun inocybe.
 
Toxines et mécanismes d’action
Muscarine (structure proche de l'acétylcholine).
Mode d'action: activation durable des récepteurs de l’acétylcholine (messager chimique des neurones) associés à des glandes et certains muscles.
 
Traitement (indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Atropine (alcaloïde de la belladone, plante toxique) en injection intraveineuse.
 
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5 : SYNDROME PANTHERINIEN
 
Champignons responsables
 
Amanite tue-mouches (Amanita muscaria Hooker), Amanite panthère (Amanita pantherina Krombholz), Amanita regalis Mich.
 
Description de l'Amanite Tue-mouches
 
Chapeau: de 8 à 20 cm, cuticule rouge éclatant, parsemée de grosses pustules blanches ; marge striée.
Lamelles: blanches, inégales, élancées.
Pied : blanc (25 cm), couvert de peluches. Anneau: ample, persistant. Bulbe floconneux orné de bourrelets concentriques.
Chair : blanche, jaune orangé sous la cuticule.
 
Confusions possibles :
Amanite épaisse, amanite vaginée, amanite des Césars, amanite vineuse ou golmotte
 
Habitat:: bois­ de conifères ou de feuillus (bouleaux), en terrain acide ;  août-octobre.
           
Délai d'apparition: 30 min à 2 heures.
 
Signes et symptômes
Troubles digestifs (inconstants), troubles neurosensoriels (état d'excitation, agitation, euphorie, délire), état de torpeur, abattement, sommeil profond, convulsions, coma = formes sévères).
Troubles cardiovasculaires rares.
Les symptômes disparaissent en moins de 48 heures (2 à 10 heures en moyenne).
 
Toxines et mécanismes d'action
Dérivés isoxazoles, acide iboténique et son dérivé le muscimol.
Fixation sur les récepteurs au niveau du cerveau.
Le muscinol se fixe sur les récepteurs du  GABA (acide gamma amino-butyrique). L’action est d’abord excitatrice puis inhibitrice.
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Mise au calme, benzodiazépines, physostigmine. Ne pas administrer d’atropine.
 
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6 :  SYNDROME PSlLOCYBIEN
 
Champignons responsables
 
Psilocybe fer de lance (Psilocybe semilanceata (Fr.) Kummer ), Paneolus subalteatus, P. fimicola,
 
Description
 
Chapeau: pointu, étiré en bonnet de lutin, mamelon très effilé, jaune pâle brillant (psilocybe = tête chauve).
Lamelles: blanc crème puis­ bistres ; position quasi verticale, serrées.
Pied: jaune pâle, très mince (2-3 mm) et haut (8-12 cm) ; flexueux.
Chair: jaune­ pâle­ de couleur ochracée, typiquement lavée de bleu verdâtre.
 
Confusions possibles :
Les intoxications sont souvent volontaires
 
Habitat: Europe, prairies, pâturages, terrains herbeux humides et acides ; septembre-­décembre.
 
Délai d'apparition : 30 minutes à 1 heure (duré d’action 4 heures)
           
Signes et symptômes
  Agitations, incoordination musculaire, hallucinations visuelles (couleurs vives, contours flous, visions avec les yeux fermés...) troubles sensoriels en général, renforcement de l'acuité visuelle et auditive­, diminution de la concentration, hilarité, euphorie ou angoisse.
Sentiments d'irréalité, des rêves et discours incoordonnés, ainsi que des perturbations des perceptions du temps et de l'espace.
Lorsque les quantités sont plus importantes, des troubles cardiovasculaires (tachycardie, hypertension), des convulsions, un coma peuvent survenir.
 
Toxines et mécanismes d'action
Psilocybine, psilocine (alcaloïdes indoliques).
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Vomissements provoqués, lavage gastrique, mise au repos, sédatifs (benzodiazépines ou haloperidol chez les patients agités), surveillance.

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7 :  SYNDROME COPRINIEN  
 
Champignons responsables
 
Coprin noir d'encre (Coprinus atramentorius Bull. ex Fr. )
 
Description
Chapeau: en forme d’œuf (6-7cm), couleur crème ou gris cendré, petites écailles au sommet
Lamelles:­ grisâtres puis  roses, elles se liquéfient en encre noire.
Pied: rétréci à la base, anneau fugace sous forme de bourrelet
Chair: fine, comestible jeune s’il n'y a pas d'ingestion d'alcool.
 
Confusions possibles :
Coprin chevelu
 
Habitat:: bois clairs ou en lisière, sur le bois en décomposition, humus ; printemps-automne
 
Délai d'apparition: 30 minutes après l'absorption de boissons alcoolisées, et durant les 3 jours (à 5 jours) qui suivent la consommation de coprin noir d'encre.
 
Signes et symptômes
Perturbation du système nerveux sympathique. Peut survenir une sensation de malaise, rougeur cutanée et sensation de gonflement du thorax et du visage (bouffées de chaleur), céphalées, sueurs, tachycardie, hypotension.
 
Toxines et mécanismes
d'action
Coprine. Pour être active, elle doit être hydrolysée en 1-aminocyclopropanol.
Ce produit bloque l'acétaldéhyde déshydrogénase, enzyme impliquée dans la dégradation de l’alcool.
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Proscrire la prise d’alcool pendant 3 à 5 jours, b-bloquant.

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8 :  SYNDROME PAXILLIEN
           
Champignons responsables
 
Paxille enroulé (Paxillus involutus Batsch Fries)
 
Description
Chapeau: convexe (6-15 cm), marge enroulée, déprimé au centre ; cuticule brun cannelle.
Lamelles: décurrentes, anastomosés à la base, tâchées de brun rouge au froissement, se détachant facilement avec l’ongle.
Pied: évasé sous les lames (4-5 cm), plus clair que le chapeau.
Chair: épaisse, molle, jaunâtre, vire au brun rougeâtre à l'air.
 
Confusions possibles :
Chanterelle
 
Habitat: bois de feuillus et conifères. Printemps-automne.
 
Délai d'apparition
1 à 3 h après une seconde ingestion.
 
Signes et symptômes
Hémolyse aiguë, urines: présence d’hémoglobine.
Insuffisance rénale :  augmentation de la créatinine dans le plasma, nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, baisse de la tension artérielle, perte de connaissance, reins douloureux à la palpation.
 
Toxines et mécanismes d'action
Antigène inconnu (petit polypeptide ?).
 
Mécanisme immuno-allergique : première consommation è formation d’anticorps IgG spécifiques. Ingestions suivantes : l’antigène du paxille se complexe avec les anticorps formés è destruction des globules rouges.
Risques d’accidents hémolytiques sévères d’où la recommandation : ne plus consommer le paxille enroulé.
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Administration de charbon activé, lavage gastrique, épuration extrarénale, exsanguinotransfusion
 
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9 :  SYNDROME RESINOIDIEN
           
Champignons responsables
 
Nombreux champignons :  Entolome livide (Entoloma lividum Quélet), Bolet de Satan (Boletus satanas Lenz), Tricholome soufré (Tricholoma sulphureum Kummer) , Russule émétique (Russula emetica) etc.
Fréquent : plus de 60 % des intoxications par champignons.
 
Description de l'Entolome livide
Chapeau: épais, bords enroulés puis plan lisse, blanc à gris blanchâtre, stries brunes.
Lamelles: larges, peu serrées, échancrées, jaunâtres puis saumonées.
Pied: blanc épais, robuste, élargi à la base, strié sur sa longueur.
Chair: épaisse, dégage une odeur de farine fraiche.
 
Confusions possibles :
Avec l’Entolome livide : Tricholome de la Saint-Georges, Clitocybe nébuleux
Avec le Bolet de Satan : Bolet blafard, Bolet à pied rouge, Bolet de Quélet
 
Habitat
Bois clairs de feuillus (châtaigniers, chênes), sols argileux, été-automne
 
Délai d'apparition
15 minutes à 6 heures après un repas de champignons.
 
Signes et symptômes
Troubles digestifs isolés : gastro-entérite, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées.
Pour l’entolome livide : troubles digestifs graves, crampes épigastriques, vomissements, coliques, bradycardie, dyspnée, gastrite hémorragique dans les cas graves.
 
Toxines et mécanismes d'action
Divers composants suspects, dérivés phénoliques, sesquiterpènes….
Irritation directe de la muqueuse digestive induisant une diarrhée.
 
Traitement
(indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)
Réhydratation orale et antiémétiques, hospitalisation chez les personnes fragiles (personnes âgées, enfants, femmes enceintes).
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10. SYNDROME DE RABDOMYOLYSE

Champignons responsables

Tricholome équestre (Tricholoma flavovirens)

Description

Chapeau: atteint 10 cm, mamelonné, jaune orangé à bronzé au disque, squamuleux au centre.
Lamelles
: serrées, jaune vif.
Pied
: jaune vif 10 cm de haut
Chair:
jaune vif

Habitat: Forêt sableuse de conifères, surtout atlantique

Signes et symptômes: Douleurs musculaires importantes, diffuses, fatigabilité musculaire. Sueurs abondantes sans fièvre, rarement des nausées. Rhabdomyolyse : destruction des muscles striés, libération de composants (enzymes, myoglobine) de 1a cellule musculaire. Elévation de l'activité des enzymes musculaires (créatine kinase). Le tricholome équestre est incriminé dans des cas de destructions musculaires. Cet effet semble apparaître après consommation excessive de ce tricholome par une personne présentant une sensibilité particulière.

Toxines : Inconnues

Traitement (indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)

:Perfusions de solutions de chlorure de sodium. Injection d'un antagoniste du récepteur de l'endothéline.

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11. SYNDROME ERYTHERMALGIQUE

Champignons responsables

Clitocybe à bonne odeur (Clitocybe amoenolens Malençon)

Description

Chapeau: convexe à plan (4- 7 cm), largement déprimé.
Lames
: crème à reflets rosâtres, moyennement serrées.
Pied :
subcylindrique, parfois atténué en haut ou en bas, renflé à la base, pruineux au sommet
Chair :
épaisse dans le chapeau, un peu élastique
Odeur :
forte, aromatique, de seringat ou de Jasmin, d'alcool de poire, rappelant celle de Inocybe bongardi

Habitat : nord de 1a vallée de 1a Haute Maurienne, litières de mélèzes, altitude 1200-1800 m: sud des Alpes Maritimes (vallées sèches), Hautes-Alpes (pins), fin août -début septembre, Maroc (sous cèdres).

Signes et symptômes : Aucune manifestation gastro-intestinale, douleurs intenses aux extrémités des doigts et des orteils accompagnées de troubles vasomoteurs (œdèmes, sensations de chaleur locale).

Toxines: Acides acroméliques A et B; acides amines hétéroaromatiques de la famille des kaïnoides de structure proche de l'acide L-glutamique.

Traitement (indication provenant de revues médicales - Il faut impérativement consulter un médecin et ne pas faire d'automédication, ou proposer un tel traitement à une tierce personne sans avis médical)

Immersion prolongée des membres atteints dans l'eau froide, antalgiques (peu efficaces), séquelles de type " pied de tranchée dues aux recours excessif aux bains d'eau glacée.

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Syndrome hémolytique :
Concerne des champignons crus ou insuffisamment cuits, dont les toxines sont éliminées par la cuisson. Ils provoquent des diarrhées et vomissements, mais peuvent avoir de sérieuses conséquences dans certains cas.
 
Champignons à effet laxatif : clavaire jolie, bolets visqueux du genre Suillus lorsqu’on ne les a pas débarrassés de leur pellicule visqueuse.Les réactions des individus à certaines toxines sont très variables. Certains supportent ces toxines mieux que d’autres. Des espèces telles que l’agaric jaunissant ou le paxille enroulé, toxiques pour une personne, seront sans effet sur une autre.Même les champignons comestibles peuvent provoquer des intolérances occasionnelles, ce qui est le cas de l’armillaire couleur de miel ou du clitocybe nébuleux, voire du champignon de Paris.Il faut éviter de consommer les sujets trop âgés qui sont souvent véreux et sur lesquels se développent des moisissures provoquant des douleurs gastro-intestinales ou des diarrhées.
 
 
 
 

Intoxications extrinsèques

Elles sont dues, non pas au champignon lui-même, mais à des produits toxiques accumulés par celui-ci. Les principaux problèmes liés à ce phénomène sont relatifs à deux cas principaux

A/ Métaux lourds : La récolte et la consommation de champignons ayant poussé le long de la route et autoroutes, près d’industries polluantes, etc., peut amener l’ingestion de quantités énormes de métaux lourds et autres polluants. En effet, certains champignons, dont d’excellents comestibles, ont la faculté d’accumuler ces éléments ou molécules dans leur mycélium, puis dans les sporophores. On a signalé des taux de plomb et de mercure largement supérieurs aux normes préconisées par  l’OMS. Une consommation répétée de tels champignons pourrait conduire à des cas de saturnisme par exemple (intoxication par le plomb). Ce type de pollution est particulièrement sournois, et parfois peut se manifester assez loin de la source directe de polluants. On conseille donc actuellement de ne pas répéter les repas à base de champignons. Certains préconisent très sérieusement de se limiter à deux ou trois repas par an !

B/ Radioéléments : La pollution par les éléments radioactifs est également un problème d’actualité très sérieux. Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, mais aussi les essais nucléaires, et les multiples causes de faibles doses de radioactivité ambiante, peuvent se manifester au niveau des champignons qui accumulent également ces éléments. On a, là encore, mesuré des doses largement supérieures aux normes OMS. Quelques bons comestibles comme Laccaria amethystina, Xerocomus badius, par exemple sont d’excellents accumulateurs de radioéléments

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Bibliographie sommaire

C.Andary, le gyromitre, un tueur longtemps ignoiré, Spécial Champignons, n° 18, mars/avril 2000, p22
R.Courtecuisse - B. Duhem : Champignons de France et d'Europe éd. Delachaux

M.Bon : Champignons d'Europe occidentale éd. Arthaud

P.Bonnet, les intoxications par les champignons supérieurs, thèse de Pharmacie, Paris V, 1992

C.Deconchat - J.M Polese : Champignons l'encyclopédie éd. Artémis

D.Michelot - R. Labia - J van der Steen: Actualités pharmaceutiques N° 234, 261, 264, 298

M. Deveaux, R. Courtecuisse, D. Gosset : Toxicorama vol X, n° 2

M.Pierrot : Intoxications par les champignons hallucinogènes, annales de Médecine Interne. Volm 151 Suppl B, p B16-B19, Octobre 2000

J.Vetter Toxicon Vol 36, n° 1

A. Zheleva, D. Michelot, Z D Zhelev :Toxicon  ; Vol 38,  n° 8

Saviuc P.F, Erythermalgie soudaine : cherchez le champignon!, La revue de médecine interne, vol- 23, n°4, p 394-399, avril 2002

Bouchara T, Enquête sur des cas de rhabdomyolyse supposés responsable dus à l'ingestion de Tricholoma auratum, le " bidaou " 21 décembre 2000, Thèse Pharmacie, Université Bordeaux 2